Cœur Effort Kiné

Association des kinésithérapeutes libéraux pour la prévention des maladies cardio-

vasculaires et la promotion de la réadaptation cardio-vasculaire ambulatoire

Siège : 165 bis Avenue du 18 Juin 1940 - 92500 Rueil-Malmaison,

( 01 47 51 67 99 6 01 47 08 52 01

Président: Claude Perrolle / mail: claude.perrolle@wanadoo.fr

Rédacteur: Thierry VERSON / mail t.verson@free.fr

 

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 Cette étude s’efforce de faire le point sur les maladies cardio-vasculaires tant sur le plan épidémiologique, que financier et humain et d’en prévoir les moyens qui seront mis en œuvre pour une meilleure maîtrise.

   

SOMMAIRE

Prospective du traitement des maladies cardio-vasculaires *

SOMMAIRE  *

Préambule    *

Synthèse de l'étude sur les maladies cardio-vasculaires (MCV)     *

L'importance et le coût des MCV dans le monde        *

Les principaux facteurs de risque des MCV     *

Les éléments chiffrés et détaillés de l'étude     *

FRANCE      *

Les chiffres  *

Les artériopathies des membres inférieurs      *

La pathologie veineuse    *

Le diabète    *

Les facteurs de risque       *

L'hypercholestérolémie    *

L'hypertension artérielle (HTA)   *

Le tabagisme          *

L'obésité       *

La prévention          *

RFA   *

MONDE        *

L'hypertension        *

L'obésité       *

Le tabagisme           *

La prévention          *

USA   *

Le nombre de décès:         *

Les pathologies cardiaques:        *

Le tabagisme           *

L'hypercholestérolémie     *

L'hypertension artérielle   *

L'obésité       *

La prévention          *

La réadaptation cardiaque           *

Canada         *

L'insuffisance actuelle de la prévention secondaire des MCV        *

Chiffres annexes aux MCV en France  *

Les services hospitaliers de cardiologie            *

Le coût des actes techniques de cardiologie   *

Le marché biomédical cardio-vasculaire          *

Profil moyen du cardiologue libéral français   *

Part des médecins généralistes dans la prescription cardio-vasculaire    *

Conclusion  *

La réadaptation cardio-vasculaire           *

Définition      *

Les bénéfices en terme de santé            *

La prescription         *

Les structures          *

Les trois phases de la réadaptation cardio-vasculaire           *

La phase I    *

La phase II   *

La phase III  *

L'avenir de la réadaptation cardio-vasculaire   *

Les acteurs de la réadaptation     *

F Les kinésithérapeutes  *

Le risque réel d'accident en rééducation          *

Détermination du risque du patient       *

Risque faible           *

Risque intermédiaire         *

Risque élevé           *

La réadaptation des muscles périphériques    *

La réadaptation des muscles respiratoires       *

Durée            *

F La réadaptation cardio-vasculaire à domicile          *

La prévention          *

Les propositions     *

F modification du mode de vie  *

F modification des facteurs de risque  *

F dépistage *

Les moyens *

Les freins à l'établissements de la prévention *

Le financement de la prévention            *

Conclusion  *

 

 

 

 

 

 

 

Préambule

Synthèse de l'étude sur les maladies cardio-vasculaires (MCV)

L'importance et le coût des MCV dans le monde

Ces pathologies: infarctus du myocarde (IDM), accidents vasculaires cérébraux (AVC), artériopathies des membres inférieurs (AMI), diabète… sont dans le monde entier et pricipalement dans les pays industrialisés la première cause de mortalité (30 à 45%) et la plus importante part des dépenses de santé.

L'importance des maladies cardio-vasculaires dans notre société est énorme, leur coût colossal pour la sécurité sociale et les assurances, les pertes de productivité qu'elles engendrent sont difficilement chiffrables.

Les principaux facteurs de risque des MCV

Les MCV sont la conséquence de facteurs de risque dont certains peuvent être très fortement réduits:

· l'âge: plus on vieillit, plus le risque augmente

· le sexe: les femmes possèdent une protection hormonale jusqu'à la ménopause et sont moins atteintes que les hommes.

· la race: les sujets noirs sont plus prédisposés

· l'hérédité

· l'hypertension surnommée à juste titre "le tueur silencieux"

· le tabac qui favosie notamment l'hypertension, la formation de caillots et le spasme artériel

· la sédentarité et le manque d'exercice physique

· la surcharge pondérale qui augmente le travail cardiaque et est associée à d'autres facteurs de risque comme le diabète et l'hypercholestérolémie.

· les habitudes alimentaires qui favorisent une alimentation déséquilibrée, hypercalorique et hyperlipidique et engendrent l'hypercholestérolémie et le diabète

· le stress qui génère une augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension

· la dépression

· le profil psychologique qui défavorise les individus impulsifs, acharnés, "gagneurs"

L'association des différents facteurs de risque multiplie les risques de MCV. Il serait possible de diminuer de 50% les infarctus du myocarde en agissant sur les facteurs de risque modifiables.

Les éléments chiffrés et détaillés de l'étude

FRANCE

Les chiffres

En France le coût direct des cardiopathies type infarctus s'élevait en 1986 à 7.5 milliards de francs financés au deux tiers par la sécurité sociale. Les coûts indirects étaient estimés à 23 milliards de francs dont plus de 6 milliards pour les maladies liées au cholestérol.

En 1991 les maladies cardio-vasculaires représentaient 31,1% des décès masculins et 40.8% des décès féminins pour une moyenne de 35.8% sur l'ensemble de la population.

En 1993 les maladies cardio-vasculaires représentaient 41% de l'ensemble des décès. On notait 500 cas d'épisodes coronariens aigus en France par jour. La prise en charge des maladies cardio-vasculaires représente au total 9% des dépenses de santé soit près de 60 milliards de francs en 1993. En France en 1993, d'après le Professeur Pierre Bernardet, le coût direct était de 9 milliards de francs et le coût indirect de 32 milliards de francs avec 220 000 séjours hospitaliers.

En 1994 on a compté en France 46311 décès par infarctus du myocarde, pour 2992 du SIDA, 4170 d'accidents de la route, 4679 de cancers de l'œsophage, 23077 de cancers de la trachée et du poumon.

En 1995 on a compté en France plus de 176 000 morts dues aux maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité en France (33%).

            1) crises cardiaques (34%)

2) accidents vasculaires cérébraux (11 %)

3) maladies associées à l’hypertension (3%)

4) autres maladies (6%)

En France entre 1985 et 1991 la mortalité a baissé de 28%. Néanmoins la mortalité relative liée à une pathologie coronaire était en 1991 à 10.4% pour l'homme et 9.6% pour la femme. La mortalité hors hôpital de l'IDM par rapport au début des symptômes est de 20% à 1 h, 24% à 4 h, 28% à 24 h alors que pour les mêmes délais les taux à l'hôpital sont de 5% 11% 16%.

En 1995, on a compté quotidiennement 430 hospitalisations pour insuffisance cardiaque dont 170 pour infarctus. L'année 1995 a vu 57 000 hospitalisations ayant pour origine l'hypertension artérielle (8 millions d'hypertendus dont seulement 4.2 millions sont traités). Les français ont dépensé plus de 23 milliards de francs en médicaments liés au risque cardio-vasculaire (dont seulement 850 millions prescrits par les médecins spécialistes), et les dépenses d'hospitalisation sont estimées à 24 milliards de francs. La classe la plus prescrite chez le sujet âgé de plus de 80 ans concernait les médicaments de l'appareil cardio-vasculaire. On estime à 60 milliards de francs (9% des dépenses de santé) les seules dépenses de cardiologie (24 pour les médicaments, 17 à 21 pour l'hospitalisation publique et 7 pour la chirurgie) soit 10% de la consommation médicale totale.

On dénombre 110 000 infarctus par an dont les 2 tiers touchent des hommes de moins de 65%. 60 000 cas nouveaux dont 80% de malades coronariens sont pris en rééducation chaque année. La France compte 700 000 insuffisants cardiaques dont le pronostic de survie est de 50% à 5 ans et 3 millions de coronariens. 120 000 nouveaux cas d'insuffisance cardiaque sont relevés chaque année. L'athérosclérose des coronaires est la source de 226 000 hospitalisations par an dont 65 000 infarctus. La pathologie cardio-vasculaire fournit 34% des affections longue durée. 35% des patients insuffisants sont hospitalisés au moins une fois par an. Il faut noter que si la pathologie cardio-vasculaire est la première source de mortalité chez la femme, elle est la seconde chez l'homme derrière les tumeurs.

On estime à 140 000 le nombre d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) survenant chaque année en France (100 000 accidents initiaux et 40 000 récidives, soit la 3ème cause de mortalité des pays industrialisés. 80% des accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont des accidents ischémiques cérébraux et 20% des hémorragies cérébrales ou méningées. Près de 50% décèdent dans le mois qui suit leur accident et 90% des survivants gardent un handicap physique et intellectuel plus ou moins grave, nécessitant des soins et de la rééducation constants. 400 000 personnes ayant fait un AVC vivent en France. Ces hémiplégiques nécessitent à 15% une assistance totale et à 20% une assistance pour des activités complexes. 30% seulement reprennent leur travail. Néanmoins le taux de décès par AVC est en recul constant.

38.5% des français souffrent d'au moins une maladie cardio-vasculaire dont 12.4% de problèmes circulatoires et 12.2% d'hypertension.

Les artériopathies des membres inférieurs

On compte environ 800 000 artéritiques claudiquants en France avec un taux de 1.5% chez les hommes de moins de 50 ans et de 5% chez les hommes de plus de 50 ans. Le taux est 2.5 fois moins élevé chez les femmes. Cette pathologie est largement sous estimée , 1/3 des patients étant asymptomatiques et 1/3 ne consultant pas malgré les symptômes. La mortalité à 5 ans est de 20 à 30% et de 50% à 10 ans. 15% des sujets feront un AVC non mortel dans les 5 ans. 1 à 2% des patients seront amputés dans les cinq ans. Les risques de l'AMI sont aggravés en cas d'association à la maladie coronarienne, au diabète, au tabagisme.

La pathologie veineuse

Elle touche 11 millions de sujets pour 18 millions d'actes médicaux annuels, 217 000 hospitalisations (dont 47 000 pour les hémorroïdes). Les varices représentent la 8ème cause d'hospitalisation en France (200 000 interventions). La pathologie veineuse représente 15% des décès d'origine cardio-vasculaire soit près de 25 000 par an.

Le diabète

Le diabète non insulino-dépendant (DNID) secondaire à l'obésité représente 85% des cas de diabète. Sur 4070 diabétiques traités en centre en France, on relève les complications suivantes:

- 3.1% d'amputations des membres inférieurs dont 1% au-dessus de la cheville

- 5.2% d'accidents vasculaires cérébraux

- 24.3% de neuropathies

59% des décès de DNID sont d'origine cardio-vasculaire. Les études ont mis en évidence que le diabète comptait pour deux facteurs de risque dans les analyses de mortalité.

Les facteurs de risque

L'hypercholestérolémie

L'hypercholestérolémie, qui provoque l'athérosclérose, touche de manière sévère plus de 9 millions de français. On peut estimer environ à seulement 1 million le nombre de personnes actuellement sous traitement hypolipidémiant en France. Plus de la moitié de la population française, tous âges confondus, possède un taux de cholestérol supérieur à la norme de 2 g/l.

L'hypercholestérolémie est induite par un excès de consommation de graisse saturées, de cholestérol, de calories, par un caractère héréditaire et par des dysfonctionnements notamment hormonaux ou hépatiques. La maîtrise de l'hypercholestérolémie diminuerait le risque de cardiopathie ischémique de 15 à 40 % et la mortalité de 20 à 30%.

L'hypertension artérielle (HTA)

L'hypertension artérielle touche plus de 10% de la population dont seulement 30% serait soignée, alors que 73% de hypertendus connaissent leur HTA. 60% seulement des hypertendus suivant leur traitement ont une tension normalisée. En France 7.5 millions de personnes sont touchées par l'HTA.

L'hypertension provoquerait près de 570 000 hospitalisations et 60 000 décès par an avec une mortalité plus forte chez la femme que chez l'homme, la mortalité totale représentant 40% de la mortalité cardio-vasculaire.

L'HTA provoque athérosclérose , source d'infarctus et d'accidents vasculaires cérébraux (hémiplégies). Les accidents vasculaires cérébraux sont responsables de 3.5% des décès.

Les femmes consultent leur médecin plus souvent que les hommes. De ce fait leur hypertension est ainsi traitée plus tôt et accroît leur longévité, supérieure à celle de l'homme.

 

Le tabagisme

165 personnes décèdent quotidiennement en France des suites du tabac et la France compte le plus de jeunes fumeurs en Europe au-delà de 12 ans.

 

 

 

La dégénérescence maculaire qui entraîne la cécité, touche 10% de la population entre 65 et 75 ans, et 30% au-delà de 75 ans, soit actuellement en France plus de un million de personnes dont 30 000 au stade de la cécité. La dégénérescence maculaire touche 1000 à 2000 personnes par an en France.

Le tabac cause 30% des cancers et 90% des cancers pulmonaires, 75% des infarctus avant 40 ans et un tiers du total des infarctus.

L'arrêt du tabac diminue le risque de 50% la première année, mais nécessitera 10 à 20 ans pour revenir au niveau de celui du non fumeur. On estime qu'après 40 ans, il est pratiquement impossible de revenir au risque initial.

L'obésité

La France compte 5 à 10 millions d'obèses. D'après une récente étude de l'INSERM, la proportion d'enfants obèses est passée de 3% il y a 20 ans à 14.5% aujourd'hui, d'où une explosion prévisible des dépenses de santé liées aux maladies cardio-

vasculaires dans les 50 ans à venir.

La prévention

En 1994 d'après un sondage BVA:

70% de la population se sentait concernée par les maladies cardio-vasculaires, malgré que celles-ci ne soient citées qu'en troisième position derrière le cancer et le sida.

85% estimaient qu'elles étaient évitables, alors qu'une autre étude dans les services hospitaliers du Bas-Rhin chez les patients de moins de 75 ans hospitalisés pour infarctus a mis en évidence que près d'un tiers ne savait pas que l'infarctus pouvait être prévenu ou évité. La mort ou un infarctus du myocarde étant le premier symptôme de la maladie coronaire dans 55% des cas, il apparaît que le taux de personnes non informées est plus important que la moyenne dans la population victime d'un accident.

63% estimaient les campagnes de prévention insuffisantes et la politique de prévention absente.

En 1995 si les préoccupations majeures de la population de 55 à 79 ans restent la santé à plus de 95%, le risque cardiaque est cité en 6ème position pour 35 à 40% des patients. Malgré une bonne sensibilisation de la population aux MCV, il apparaît quand même nettement que des progrès restent à faire pour faire prendre conscience au public de l'importance réelle des MCV et de la diminution des facteurs de risque individuels, notamment: tabac, pilule contraceptive, alimentation et activité physique.

22% de français entre 18 et 64 ans pratiquent régulièrement fitness ou musculation, 19% tennis, 20% jogging. Le cardio-training représente seulement 32% des hommes pratiquant en salle et 11% des femmes pour 25% d'hommes et 90% de femmes aux cours collectifs et 77% d'hommes et 17% de femmes à la musculation. Près de 80% le font pour l'entretien et la santé.

La prévention est d'autant plus importante que pour 54% des patients hospitalisés pour infarctus, ce dernier était la première manifestation de leur maladie coronaire. Pire, la mort subite représente cette première manifestation dans 61% des décès par IDM d'hommes et 74% des décès par IDM de femmes. On estime à 50% le nombre d'infarctus évitables par une meilleure prévention.

Les progrès à réaliser pour aboutir à une prévention réellement et globalement efficace sont énormes; cependant au fur et à mesure qu'il apparaît que seule la prévention peut permettre une maîtrise réelle des dépenses de santé sans baisser la qualité des soins, se mettent en place des structures destinées à la prévention; c'est notamment le cas des CDPA centres de détection et de prévention de l'athérosclérose. Ces centres ouverts à Lyon, Lille, Marseille, Paris et Toulouse sont des projets pilotes financés par l'état; ils sont destinés à évaluer le risque cardio-vasculaire des patients qui le souhaitent. La Fédération française de cardiologie et les clubs Cœur et Santé regroupant des patients cardiaques sont des acteurs de la prévention secondaire. Tous ces acteurs manquent encore des moyens nécessaires pour assurer leur mission, mais les fondations sont déjà posées.

RFA

En Allemagne le coût annuel des maladies cardio-vasculaires dépasse 200 millions DM. Il existe en Allemagne plus de 2000 groupes de cardiaques à risque constitués en vue d'une prévention secondaire.

MONDE

Un million de personnes meurent en Europe d'une maladie coronaire dans les 18 mois, alors que le contrôle de ses facteurs de risque pourrait faire chuter la mortalité d'au moins un tiers. La France possède cependant un des taux les plus bas de mortalité cardio-vasculaire parmi les pays de l'OCDE. L'Angleterre et les pays nordiques ont des taux doubles voire triples de celui de la France.

Il faut néanmoins noter dans tous les pays industrialisés une baisse de la mortalité par IDM (5.9% dans la population générale et 15% dans la classe d'âge des moins de 65 ans). Cette baisse de la mortalité est essentiellement due aux progrès réalisés dans la prise en charge précoce de l'infarctus et dans son traitement. Elle ne reflète pas une diminution des facteurs de risque.

Sur une population totale de 721 millions d'habitants aux USA et 445 millions en Amérique latine et Caraïbes, les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mort dans 31 pays sur 35. Les plus hauts taux de mortalité se retrouvent dans les pays de langue anglaise des Caraïbes, USA, Canada, Argentine, Chili et Uruguay. La mortalité cardiaque augmente dans les pays caribéens et d'Amérique centrale.

Taux de mortalité cardio-vasculaire individuel

âge

Femmes

Homme

45 à 64 ans

0.6 / 100 000

2 / 100 000

65 à 74 ans

8.4 /100 000

3.5 / 100 000

> 74 ans

37.1 /100 000

32.6 / 100 000

Taux de mortalité cardio-vasculaire masculine en 1990 en Lituanie: 289.6 pour 100 000 pour un taux de mortalité de 63.2 pour 100 000 en France

D'après l'OMS les maladies cardio-vasculaires seront au premier rang des facteurs d'aggravation de l'état de santé de la population mondiale en 2020. La part des décès dus aux maladies non transmissibles passera de 55.8% en 1990 à 73% en 2020 du fait du vieillissement de la population et du tabagisme.

L'hypertension

Les hypertendus représentent 10 à 15% de la population des pays industrialisés. Suivant les pays de 10 à 22% des adolescents de quinze ans fument tous les jours. 65 millions d'européens souffrent de HTA pour une estimation entre 300 et 640 millions de personnes dans le monde (8 à 18%).

L'obésité

La Grande Bretagne et l'Allemagne comptent chacune de 5 à 10 millions d'obèses. 15 à 20% des adultes européens d'âge moyen sont en obésité physiologique (surcharge pondérale > 20% du poids idéal).

Une obésité modérée fait courir un risque:

- 3.5 fois plus élevé que celui de la moyenne de mourir d'une maladie cardiaque

- 2.5 fois de présenter une hypertension artérielle

- 26.5 fois de présenter un diabète

De 1985 à 1995, le nombre de jeunes en surpoids de 4 à 30 kg a augmenté de 30 à 50%. Les obésités moyennes ont augmenté de 17%, les obésités importantes de 28%. 10% des enfants de 10 mois à 8 ans sont obèses. Au Japon, l'obésité enfantine a augmenté de 53%, en Grande Bretagne de 65% et aux USA de 60%. Le seul pays ou l'obésité infantile est stable est la Finlande ou existe un programme d'information et de prévention. En 1995 on recensait 135 millions de diabétiques dans le monde et la prévision est de 300 millions en 2025. L'obésité représente de 3 à 8% des dépenses de santé des pays occidentaux.

Le tabagisme

200 millions de personnes fument dans le monde (12% des femmes et 47% des hommes) et le tabac est cause de la mort de plus de 3 millions de personnes dans le monde, deux millions dans les pays industrialisés et un million dans les pays du tiers monde (chiffre en constante augmentation). Dans les conditions actuelles, on estime à près de 100 millions de décès liés au tabac au cours des vingt prochaines années pour aboutir à 10 millions de décès en 2020 dont 7 millions dans les pays du tiers monde.

La prévention

58% des Français et des Italiens ignorent les causes et moyens de prévenir la maladie cardio-vasculaire et les attaques cérébrales contre 21% des Allemands. Ces derniers souhaitent d'ailleurs encore plus d'information.

25% des européens ne savent pas que l'obésité peut déboucher sur un diabète et 20% ne savent pas qu'elle peut entraîner une maladie cardiaque.

USA

Le nombre de décès:

954 000 décès MCV en 93 aux USA, dont 170 000 individus de moins de 65 ans pour un coût total en 1992 de 108,9 billions de US$. Les MCV consomment plus de 14% du produit national brut et devraient atteindre le trillion de US$ en l'an 2000.

Les pathologies cardiaques:

400 000 nouveaux cas par an d'insuffisance cardiaque causent directement 40 000 décès et 250 000 en association avec d'autres facteurs.

13.5 millions d'américains souffrent de problèmes cardiaques; 1.5 million d'américains subit une attaque cardiaque chaque année, 1 million y survit, dont 600 000 après chirurgie coronaire ou angioplastie. 2000 patients dont la moitié est âgée sont transplantés chaque année. 7 millions d'américains souffrent d'angor et 4.7 millions d'une pathologie cardiaque stabilisée.

La mort cardiaque soudaine, est la cause première de mort en Amérique. Les arythmies cardiaques d'une manière plus générale sont la première cause de mort dans le monde occidental. Elles tuent plus de 400,000 Américains chaque année, en comparaison de 100,000 qui meurent de crises cardiaques causées par une occlusion artérielle. Beaucoup de ces morts sont causées par fibrillation ventriculaire. Sur 500 00 épisodes de fibrillation ventriculaire près de 25% seulement des sujets survit. La survie est souvent attribuable à la réponse rapide des secours et à l'emploi des défibrillateurs. Sans traitement, les survivants sont presque certains de souffrir d'un autre épisode dans l'année suivante. Même traités les survivants présentent un taux de mortalité de près de 10% à un an et 30% à quatre ans. Des progrès certains sont réalisés grâce au développement de défibrillateurs implantables dont on estime qu'ils économisent 72% de journées d'hospitalisation à leurs porteurs.

Le tabagisme

417 000 américains meurent du tabac qui est cause de 21% des décès cardio-vasculaires et 30% des cancers. 2,3 millions d'enfants et adolescents américains, 23.9 millions de femmes de race noire et 25% de femmes noires fument.

55% des insuffisances coronaires des sujets de moins de 55 ans sont dues au tabac.

Aux Etats-Unis, la dégénérescence maculaire due au tabac touche 1 700 000 personnes et constitue le première cause de cécité chez les plus de 65 ans.

Une réduction de 1% du nombre de fumeurs entraînerait la première année 1600 hospitalisations de moins pour infarctus ou accidents vasculaires cérébraux et une économie de 45 millions de dollars. A la septième année le nombre d'hospitalisations serait réduit de 100 000, plus de 130 000 décès par infarctus fulgurant seraient évités et 3 milliards de dollars seraient économisés.

L'hypercholestérolémie

Aux USA 102.7 million d'adultes ont un taux de cholestérol entre 200 et 240 et 48.7 millions d'américains dépassent le taux de 240. 36% des enfants et adolescents américains souffrent d'hypercholestérolémie. Une réduction de 5% du taux moyen de cholestérol de la population a entraîné une réduction de 12.8% des incidences de la maladie coronaire; une diminution du cholestérol de 10% a entraîné une diminution des incidences coronaires de 24.4%.

L'hypertension artérielle

63 millions d'Américains, 40% de la population sont atteints d'hypertension. Cette maladie touche 50% des femmes de plus de 50 ans et 66% des femmes de plus de 65 ans. En 1991-1992 2.2 millions d'américains âgés de plus de 15 ans souffraient de problèmes dus à l'HTA.

L'obésité

Les Etats Unis comptent près de 50 millions d'obèses (la moitié du total mondial). L'alimentation hyperlipidique et la sédentarité causent la mort de 300 000 personnes par an. 35 à 45% des adultes américains sont en surcharge adipeuse, 34% des Américains ont une surcharge pondérale supérieure à 20%. Plus de 50% des adultes américains sont obèses. La personne obèse a 2,5 fois plus de risques de mourir d’une maladie cardio-vasculaire qu’une personne dont le poids est inférieur ou égal à la moyenne. Une étude rapporte une baisse du cholestérol total de 13% et une diminution de 50% de la morbidité par un régime normo-lipidique.

La prévention

La prévention a fait chuter de 30% la mortalité d'origine cardio-vasculaire depuis 1980. Cependant moins de 50% des adultes s'entraînent 3 fois minimum par semaine au moins 20 minutes par séance dont seulement 10% à 60% minimum de leur capacité aérobie, ce qui dénote une méconnaissance des conditions nécessaires de l'entraînement et un manque de motivation à l'effort. Les autorités américaines font un réel effort de prévention et envisagent notamment d'adapter les primes d'assurance au risque cardio-vasculaire individuel, essentiellement pour les fumeurs. Des sociétés d'assurance privées ont conclu un accord avec les médecins prévoyant une prime de $240 attribuée au médecin pour chaque consultant qui abandonne le tabac et s'en abstient pendant au moins six mois. Les premiers résultats mettent en évidence une différence de 40% entre médecins motivés et non motivés.

La réadaptation cardiaque

Moins de 12.7% des patients nécessitant de la réadaptation cardiaque y participent. L'American Heart Association demande à ce que la réadaptation cardiaque soit intégrée dans les plans multifactoriels de soins de cardiologie.

Canada

Malgré les progrès en prévention, diagnostic et traitement, la pathologie cardiaque est la première cause de décès et d'incapacité des adultes au Canada (40%). Le coût du traitement de cette pathologie atteint 19.7 billions de dollars chaque année, soit 15.3% des dépenses totales de santé.

 

L'insuffisance actuelle de la prévention secondaire des MCV

L'étude EUROASPIRE met en évidence une inefficacité des mesures de prévention secondaire, alors même que ces mesures paraissent le plus facile à mettre en place sur des patients ayant connaissance du risque vital qu'ils courent.

Cette étude révèle que les facteurs de risque de 50% des coronariens européens ne sont pas contrôlés à 6 mois.

- 42% restent hypertendus (légers ou modérés)

- 25% continuent de fumer (50 à 60% ont repris le tabac dans les deux ans)

- 33% sont toujours en surcharge pondérale

- 36 à 70% selon les pays conservent toujours une hypercholestérolémie (48% en France)

- 50% restent hypertendus

- 20 à 40% des patients n'observent pas leur traitement.

- 30% des hypertendus américains ignorent leur maladie et seulement 20% des autres suivent leur traitement et maitrisent leur HTA.

- de 18% (greffés) à 70% (rhumatisants) des patients américains n'observent pas leur traitement.

                       - de 14 à 21% n'achètent pas les médicaments

                       - de 29 à 59% n'observent pas les conditions d'utilisation

                       - 15% interrompent prématurément le traitement

                       - 32% omettent de renouveler le traitement

Il n'y a pas de données concernant le maintien de l'exercice, mais on peut rapprocher cette étude d'une étude américaine réalisée au Mont Sinaï Hospital et faisant apparaître que 80% des patients ont abandonné l'exercice physique entrepris lors de la rééducation, un an après l'accident. Les principales causes avancées dans l'étude sont l'insuffisance de récupération des capacités physiques en stade II, l'absence de structures spécialisées, la peur, l'ennui.

Chiffres annexes aux MCV en France

Les services hospitaliers de cardiologie

-190 services de cardiologie des CHG

- 80 services de cardiologie des CHU

- 50 établissements privés à but non lucratif

- 32 établissements à but lucratif

- 12827 lits en médecine cardio-vasculaire

- 2619 lits en chirurgie cardio-vasculaire

- 892 lits en rééducation des maladies cardio-vasculaires

- 26% des hôpitaux généraux possèdent un service de réadaptation cardiaque

Ces chiffres ne sont pas précis et sont peut-être sous-estimés. Le coût moyen d'une journée d'hospitalisation dans un service public de cardiologie est estimée à 2 500 FF en chirurgie 2 000 FF en cardiologie et à 4 000 FF dans un service de réanimation. La journée dans un service privé est estimée à 500 FF. La journée dans un service de réadaptation est estimée à 1 500 FF et le chiffre global des services de rééducation cardio-vasculaire de 390 à 800 millions de francs.

Le coût des actes techniques de cardiologie

Le coût des actes techniques de cardiologie est élevé:

            - un stimulateur cardiaque vaut entre 25 000 et 30 000 FF

            - un défibrillateur implantable vaut environ 150 000 FF

            - une angioplastie coûte entre 12 000 et 18 000 FF

            - une prothèse endocoronaire (stent) vaut 7 000 FF et il en faut souvent trois à quatre pour un patient, sans compter les frais de l'opération, sans certitude quand aux éventuelles resténoses dans les années suivantes, et en sachant qu'un certain nombre de ces patients devront néanmoins être pontés ultérieurement.

            - une coronarographie coûte entre 7 000 et 11 000 FF

            - une greffe cardiaque et son suivi sur un an coûte 500 000 FF

            - la pose d'une greffe coûte 150 000 FF sans tenir compte du suivi et de la rééducation post-opératoire

            - l'acte technique moyen en cabinet en France est côté entre K45 et K60, ce qui représente un coût moyen de 640 FF pour un prix de consultation à 300 FF en ville.

           - un acte HOLTER coûte 504 FF

           - un cathétérisme droit coûte 3900 FF

           - un cathétérisme gauche coûte 5400 FF

           - une IRM coûte 3000 FF

Le marché biomédical cardio-vasculaire

La maladie cardio-vasculaire profite essentiellement aux entreprises américaines dont le chiffre d'affaire dans ce domaine dépasse $40 billions, pour une balance commerciale excédentaire de $5 billions; ce sont essentiellement des PME de moins de 100 personnes qui emploient au total 270 000 employés. Leur budget recherche et développement atteint 7% de leur chiffre d'affaire. Le dynamisme de ces sociétés fait que depuis 40 ans 80% des produits développés dans le secteur des MCV provient des USA. Aujourd'hui la position américaine s'érode puisque la part de marché des sociétés américaines est tombée à 49%. Les restructurations et acquisitions à l'étranger depuis 1980 des sociétés américaines ne permet cependant pas de se faire une idée exacte de l'importance de leur participation réelle.

En France, l'ensemble du marché des médicaments cardio-vasculaires représente 25.5% du total de leur chiffre d'affaire. L'industrie biomédicale représente dans ce domaine 204 MF et 50% du personnel est affecté aux services.

Profil moyen du cardiologue libéral français

- un montant moyen d'honoraires de 1 008 164 FF en 1993 dont 42 890 FF de dépassement, en progression annuelle de 1.5% en francs constants.

            - il existe néanmoins une grande disparité dans la profession

- un pourcentage de charges qui atteint 51% en moyenne

- 74% ont une activité salariée complémentaire à leur activité

- un revenu annuel moyen net (revenu libéral et salaires nets) de 500 000 FF

- le cardiologue en exercice seul a un revenu inférieur de 14% au cardiologue exerçant en groupe

- la surface moyenne de cabinet libéral est de 59 m2

- 52.4% des cardiologues libéraux sont propriétaires de leur cabinet

- l'investissement moyen du cardiologue qui s'installe est de 73 500 FF

- 78% des cardiologues déclarent des frais de personnel pour une moyenne de 24 h par semaine

- 11.6 jours par an de formation médicale continue

Part des médecins généralistes dans la prescription cardio-vasculaire

Chaque praticien a prescrit en moyenne         

3874 FF en AMM en 1980 pour               440 593 FF en pharmacie

5616                1985              765 471

7079               1990              1 003 052

8146               1993              1 178 754

Sur 75 milliards de francs de prescription de médicaments cardio-vasculaires remboursés par la SS en 1992, 64 milliards (85.6%) sont le fait des généralistes. Pour situer l'importance des MCV, il faut noter que les médecins généralistes, 15 fois plus nombreux que les cardiologues adressent 83% des consultations des cardiologues

- 7.6% à 13.8% de leurs actes (de 2 à 4 patients par jour) concernent l'hypertension

- 2.7% concernent les hyperlipidémies

- 1.7% concernent l'insuffisance coronaire

- 0.9% concernent l'insuffisance cardiaque

- 5.2% concernent la pathologie veineuse

- 2% concernent les troubles du rythme

- 3.9% concernent l'angor et l'infarctus

- 2.3% concernent la pathologie artérielle

- 34% de leurs consultations concernent la maladie du système cardio-vasculaire, ce qui revient à dire que les généralistes voient 87% de l'ensemble des patients cardio-vasculaires.

Conclusion

Il apparaît clairement que la prévention et la réadaptation cardio-vasculaire sont aujourd'hui insuffisamment mises en œuvre et doivent être développées pour une maîtrise des dépenses de santé et le bien être des patients. Les chiffres, les projets en cours, les déclarations des différents décideurs en matière de santé publique démontrent que prévention et réadaptation verront leur importance décupler au fur et à mesure des années à venir.

 

La réadaptation cardio-vasculaire

la réadaptation cardiaque a été inscrite comme objectif prioritaire en 1994 par l’organisation mondiale de la santé (OMS).

Définition

"La réadaptation cardiaque se définit comme l'ensemble des activités nécessaires pour influencer favorablement le processus de la maladie et pour assurer aux patients une condition physique, mentale et sociale optimale afin qu'ils puissent, par leurs propres efforts, maintenir ou reprendre une place aussi normale que possible dans la vie de la communauté. Cette approche globale de la maladie nécessite l'intervention d'une équipe multidisciplinaire autour du cardiologue, concourant à la mise en œuvre d'un programme incluant évaluation fonctionnelle et cardiaque, entraînement physique, prévention secondaire, éducation, psychothérapie, et aide à la réinsertion professionnelle. La réadaptation cardiaque a fait l'objet d'études contrôlées qui permettent de bien connaître ce que l'on peut en attendre." P. Sellier hôpital Broussais. Paris

Les bénéfices en terme de santé

On ne peut citer ici les multiples bénéfices d'un programme de réentraînement à l'effort, citons parmi les principaux:

- diminution de 42% des journées d'hospitalisation des patients suivant un programme de réadaptation cardiaque

- diminution de 26% de la mortalité à 3 ans en rééducation multifactorielle, et 15% en réentraînement à l'effort seul

- augmentation du délai et du nombre de reprises de l'activité professionnelle

- diminution de la masse grasse

- diminution de l'appétit

- diminution du tabagisme (16 à 26%)

- diminution du stress et des dépressions

- stabilisation de la plaque d'athérome

- diminution de l'hypertension artérielle et de la fréquence cardiaque

Concernant les bénéfices escomptés, on peut citer cet extrait du Pr. Sellier, chef du service de réadaptation cardiologique à l'hôpital Broussais de Paris: "L'entraînement physique améliore les paramètres objectifs de la tolérance à l'effort. Cette augmentation est constatée même chez les patients âgés et chez les patients en insuffisance cardiaque. Elle est obtenue au prix d'un risque de complications minimes. L'entraînement physique, lorsque les indications sont bien posées, est l'élément clé d'un programme de réadaptation cardiaque. Il profite particulièrement aux patients chez qui la tolérance à l'effort est diminuée. L'entraînement physique diminue les symptômes chez les patients coronariens ou en insuffisance cardiaque. La diminution de l'ischémie myocardique, objectivée notamment par l'électrocardiogramme d'effort, confirme l'amélioration clinique. L'entretien de cette condition physique est cependant nécessaire pour maintenir les résultats à distance.

L'entraînement physique, associé aux autres mesures d'éducation, de conseils et de diététique entraîne une amélioration du bilan lipidique et facilite l'arrêt du tabagisme. La reprise de l'activité professionnelle, ou au moins son maintien à distance semble facilitée. La réadaptation cardiaque influence favorablement la qualité de vie diminue l'anxiété et la sensibilité au stress…et aboutit à la diminution d'environ 25% de la mortalité dans les 3 ans suivant l'infarctus du myocarde."

La prescription

D'après l'étude commandée par l'APIC auprès des cardiologues

            - 93% des cardiologues prescrivent après infarctus du myocarde (IDM)

            - 50% pour insuffisance cardiaque

            - 37% pour artérite

Ces chiffes sont à moduler car si l'efficacité de la réadaptation cardiaque apparaît bien perçue par la grande majorité des cardiologues et notamment ceux de moins de 40 ans, il apparaît un déficit de communication dans les pathologies autres que l'IDM, et l'étude des chiffres de prescription prouve qu'elle n'est pas systématique, de loin s'en faut. Le réentraînement à l'effort étant une technique jeune appliquée réellement depuis à peu près 15 ans, un grand nombre de praticiens et notamment les plus vieux n'y est pas préparé, et n'en possède pas le réflexe de prescription. En France globalement, la réadaptation cardio-vasculaire est prescrite aujourd'hui à 42% en post-infarctus, contre 29.5% en 1985.

En France, la sécurité sociale accepte la prescription de 20 à 30 séances de rééducation K 15 ou AMC (anciennement AMM)15 par an pour les patients souffrant de MCV.

Les structures

En France les structures de soins cardio-vasculaires sont essentiellement des centres spécialisés de réadaptation cardiaque hospitalisant leurs patients et quelques centres de réadaptation ambulatoires, recevant leurs patients en externat. La réadaptation à domicile n'existe pas à la différence d'autres pays qui l'ont récemment acceptée.

44.8% des patients sont rééduqués en centre puis en ambulatoire

25% exclusivement en centre

24% exclusivement en ambulatoire

Le centre spécialisé de réadaptation cardio-vasculaire possède l'avantage d'une structure mieux médicalisée, capable d'une prise en charge globale des pathologies, notamment pour les personnes âgées souffrant également d'arthrose, ostéoporose, lombalgie… et d'une meilleure prise en charge des cas les plus graves. Le centre spécialisé possède en outre des moyens de réanimation plus puissants, ce qui lui confère logiquement l'avantage pour la réadaptation des patients à haut risque.

Le centre ambulatoire possède l'avantage d'une structure moins contraignante pour les patients, et moins coûteuse, puisqu'une réadaptation en centre spécialisé coûte de 25 000 à 35 000 FF pour 5 000 à 10 000 FF une réadaptation conduite en centre ambulatoire.

L'arrêt de travail moyen après IDM est de 56 jours en centre spécialisé pour 40 jours en centre ambulatoire. Il faut cependant remarquer que la gravité plus importante des pathologies traitées au centre spécialisé modère cette donnée.

 

Les trois phases de la réadaptation cardio-vasculaire

La phase I

Il s'agit de la phase hospitalière

La phase II

Il s'agit de la phase post-hospitalière immédiate, ou phase de convalescence active . Elle est effectuée dans le centre spécialisé en réadaptation cardio-vasculaire en hospitalisation ou en externat dans un centre de réadaptation ambulatoire.

La phase III

Il s'agit de la phase de maintenance destinée à conserver et à améliorer les acquis de la phase II. En France, il n'existe pas de structure adaptée à la phase III. Cette phase n'est ni prescrite, ni remboursable par la SS. De ce fait, la phase III n'est quasiment jamais suivi engendrant ainsi des récidives d'accident, des handicaps et des coûts de santé prohibitifs.

L'avenir de la réadaptation cardio-vasculaire

Les progrès réalisés en médecine et chirurgie cardiaque ont sensiblement modifié les données pathologiques. Après IDM, les patients sont hospitalisés plus tôt, et pour une durée plus courte. Les conséquences des IDM sont moins graves que par le passé, mais augmentent le nombre de patients à rééduquer, le taux de mortalité ayant considérablement baissé. D'autre part on voit également en rééducation des patients plus gravement handicapés, là ou par le passé ils seraient morts.

Malgré une prévention sans cesse plus performante, les conditions de vie moderne liées au progrès de la médecine augmenteront le nombre de personnes victimes de maladies cardio-vasculaires nécessitant une réadaptation, alors même que le nombre de structures de soins est déjà insuffisant pour faire face à l'arrivée de 60 000 nouveaux patients par an.

Pour minorer l'explosion prévisible des dépenses de santé, les centres de réadaptation ambulatoire et la réadaptation à domicile vont se développer. Ce développement sera favorisé par une meilleure prévention et une meilleure organisation des soins. En effet, grâce à la prévention le nombre de patients à risque faible ou moyen, cible idéale de ces structures de traitement, sera en constante croissance par rapport au nombre de patients à risque important. La meilleure organisation des soins diminuera la gravité des conséquences des accidents cardio-vasculaires autorisant ainsi les patients à suivre une réadaptation ambulatoire

" La multiplication de structures de réadaptation est moins prestigieuse que celle des unités de coronarographie mais certainement elle serait plus utile, environ dix fois moins coûteuse et aurait l'avantage de rapprocher les malades et leurs cardiologues. La solution de l'entraînement sauvage dans des salles de gymnastique ne paraît pas compatible avec une sécurité suffisante chez des malades encore fragiles et doutant d'eux. " (Pr. J.P. Broustet, Cœur et santé).

"Les structures cardiologiques actuelles produisent des cardiaques chroniques, dont la longévité est croissante grâce à elles. Mais faire un meilleur usage de ces bénéfices est du ressort de la cardiologie de réadaptation dont l'acceptation est mal comprise; le mot de réadaptation n'est plus adapté et celui de "cardiologie d'entretien ou de maintenance" ne passe pas…" (JP Broustet – H Douard Réadaptation des coronariens. 1995).

Les acteurs de la réadaptation

Si il apparaît indispensable de laisser les patients les plus gravement atteints aux centres de réadaptation spécialisés, deux voies sont à explorer en ce qui concerne la rééducation des patients les moins atteints, tant à la sortie de l'hôpital (stade II) qu'à celle du centre spécialisé de réadaptation cardio-vasculaire (stade III).

F Les kinésithérapeutes

Leur décret de compétence leur donne le droit à la rééducation de l'infarctus récent (stade II) sur prescription médicale et à condition qu'un médecin soit disponible. L'article 8 du décret du 8 octobre 1996 précise: " Sur prescription médicale et à condition qu'un médecin puisse intervenir à tout moment, le masseur kinésithérapeute est habilité:

            b) à participer à la rééducation cardiovasculaire des sujets atteints d'infarctus du myocarde récent et à procéder à l'enregistrement d'électrocardiogrammes au cours des séances de rééducation cardiovasculaire, l'interprétation étant réservée au médecin;"

            L'article 9 précise: "Dans le cadre des traitements prescrits par le médecin et au cours de la rééducation entreprise, le masseur kinésithérapeute est habilité:

            a) à prendre la pression artérielle et les pulsations

            d) à assurer la prévention non médicamenteuse des thromboses veineuses"

Les kinésithérapeutes ont l'avantage:

- d'exercer dans une structure déjà conçue pour la rééducation,

- de posséder le matériel d'exercice nécessaire à la réadaptation cardiaque,

- de devoir se recycler face aux décisions concernant la maîtrise des dépenses de santé qui les touchent de plein fouet,

- de pouvoir réaliser l'information médicale nécessaire pour que le patient adopte une meilleure hygiène de vie; 73.7% des cardiologues traitants demandent aux centres de réadaptation de prendre en charge cette information; son importance est sous-évaluée et elle est difficile à mettre en œuvre dans les centres du fait d'une charge de travail excessive. Il faut noter que 20% seulement des patients hypertensifs reçoivent des conseils diététiques;

- de posséder les connaissances médicales de base.

Ils ont contre eux:

- un manque de formation spécialisée en cardiologie, facile à résoudre par une formation adaptée,

- la psychose de l'accident due à la méconnaissance du risque réel.

Dans ce sens, le Dr Catherine Monpère et le groupe de travail "Evaluation fonctionnelle et réadaptation des cardiaques" ont établi l'avis suivant diffusé dans les recommandations de la Société Française de Cardiologie concernant la pratique de la réadaptation cardiovasculaire chez l'adulte:

"…Le médecin en charge de la réadaptation cardiovasculaire doit être obligatoirement spécialisé en cardiologie. Il est responsable de l'indication, de la prescription, de la surveillance de la réadaptation cardiovasculaire, du suivi du patient et de l'adaptation thérapeutique. Sa présence constante dans la salle d'entraînement n'est pas nécessaire si la surveillance est déjà assurée par un personnel paramédical rompu aux techniques de réentraînement et de réanimation cardiovasculaire, mais le cardiologue doit pouvoir intervenir immédiatement sur place en cas d'appel d'urgence.

Le personnel paramédical (infirmiers et masseurs kinésithérapeutes) doit avoir reçu une formation spécifique en épreuves d'effort, entraînement physique et réanimation en pathologie cardiovasculaire.

Pour une surveillance efficace, le nombre de patients encadrés par le kinésithérapeute ou l'infirmier lors d'une séance d'endurance ne doit pas excéder 8 et lors des séances gymniques ou de kinésithérapie respiratoire ne doit pas dépasser 15 personnes…"

Le risque réel d'accident en rééducation

Le Pr Jean Paul Broustet évalue le risque d'accident dans une épreuve d'effort qui teste le patient au maximum de ses capacités ou jusqu’à l’apparition d’un trouble, à 1 pour 170 000. En conséquence, le risque moyen lors du réentraînement à l'effort est très faible sur un patient correctement évalué et médicamenté (0.0037%), puisque le travail de réadaptation se pratique toujours sous le seuil d'apparition du trouble et sous surveillance. La plupart des accidents survenant dans les heures suivant l'effort, il n'existe pas de statistique sur le risque réel d'accident à l'effort d'un patient cardiaque évalué et médicamenté comparativement aux nombreux patients à risque ignorant leur état et travaillant sans conseil ni surveillance dans des salles de sport. Il existe peu d'études sur les accidents survenus en réadaptation cardiaque, peut-être parce que leur nombre et leur fréquence est trop faible. Cependant une étude américaine sur quatre années et sur 142 sites différents recense 1 accident pour 294 000 heures de rééducation et 1 mort pour 784 000 heures de rééducation comprenant toutes les classes de patients, y compris les plus risquées, soit 4 morts en 4 ans. Il est dommage de ne pas connaîre la classe de risque à laquelle appartenait ces patients.

Le risque principal pendant l'effort est la rupture d'une plaque d'athérome dans une artère autre que celle responsable de l'accident. On peut noter aussi des risques de troubles conductifs ou d'arythmies ventriculaires (détectables par la recherche des potentiels ventriculaires tardifs à l'ECG à haute amplification). Le thrombus (occlusion) et le tabac (spasme) sont les éléments prépondérants de l'infarctus durant l'effort ou post-effort.

La crainte de l'accident est en fait due à la méconnaissance de la pathologie cardio-vasculaire et des mécanismes de réadaptation cardiaque. La mort du célèbre auteur Goscinny, sur un vélo, dans un service de cardiologie a très négativement marqué les esprits, alors que ce fait est maintenant très ancien et sans que les profanes aient su si cette mort est survenue en épreuve d'effort ou en réadaptation et dans quelles conditions elle est survenue.

Le kinésithérapeute exerçant sous prescription médicale, il faut rappeler que la quantification du risque appartient au cardiologue qui en possède tous les éléments et qui n'enverra au kinésithérapeute que les patients à risque minimum, les autres étant dirigés vers les centres spécialisés possédant les moyens de réanimation. Il appartient au cardiologue d'évaluer le patient par l'épreuve d'effort afin de déterminer si il doit bénéficier d'une réadaptation cardiaque et compte tenu de son risque dans quelle structure il doit pratiquer cette réadaptation, internat ou externat, hospitalière ou ambulatoire. A l'appui citons le Dr Cohen-Solal du service de cardiologie de l'hôpital Beaujon à Clichy: "L'évaluation habituelle d'un patient présentant une insuffisance cardiaque chronique est réalisée pour apprécier la gravité de l'affection et évaluer le pronostic. Elle permet également de prévoir les patients qui pourraient bénéficier d'une réadaptation physique. L'évaluation fonctionnelle par la classification de la NYHA est simple à réaliser. Les patients en classe III sont le plus susceptibles de bénéficier d'une réadaptation. On considère généralement qu'une classe IV est une contre-indication, au moins transitoire à la réadaptation et que les patients en classe II ne souhaitent pas nécessairement bénéficier d'une réadaptation. La mesure de la VO2 Max est indispensable. En règle générale sont proposés à la réadaptation des patients dont le pic de VO2 est compris entre 13 et 20 ou 25 ml/min/kg. Il est bon de compléter ces chiffres par une mesure du seuil anaérobie et de la pente D VO2 et D charge."

Détermination du risque du patient

Risque faible

· Suites hospitalières simples

· Pas d'ischémie au repos

· Capacité fonctionnelle > 7 METS

· FEV > 50%

· Fonction ventriculaire conservée

· Ischémie silencieuse ou symptomatique > 100 W ou 20 ml/kg/min O2

· Bonnes réponses aux médicaments anti-ischémiques

· Absence d'altération de la fonction VG

· Absence d'arythmie complexe

Risque intermédiaire

· Sous décalage ST < 2 mm au test d'effort

· Faibles ischémie myocardique silencieuse à des niveaux intermédiaires

· Altération de la fonction VG > 100 W ou 20 ml/kg/min O2

· FEV entre 35 et 45%

· Capacité fonctionnelle entre 5 et 7 METS

· Angor résiduel ou arythmie complexe contrôlée thérapeutiquement

· Déficit réversible à la scintigraphie au thallium de repos et d'effort

Risque élevé

· Cardiomégalie (rapport cardiothoracique > 0.5)

· Ischémie < 100 W ou 15 ml/kg/min

· Altération de la fonction VG

· FEV < 35%

· Elévation pression systolique faible (< 10 mmHg) nulle ou négative

· Angor instable

· Arythmie ventriculaire non contrôlable

· Sténoses coronaires sévères (tronc gauche ou trois vaisseaux inopérables)

· Présence de PTV

· Capacité fonctionnelle < 5 METS

· Sous-décalage ST > 2 mm pour FC < 135 bats/min à un faible niveau d'effort

· Présence de plaques d'athéromes fragiles dans le réseau artériel

 Les progrès réalisés dans la rapidité de la prise en charge de l'infarctus aigu et les progrès médicaux et pharmaceutiques amènent à la réadaptation cardiaque une population de plus en plus nombreuse présentant une fourchette pathologique plus importante avec des déficits mineurs et d'autres extrèmement importants. On voit des patients ayant eu de petits infarctus en ville, angioplastés de suite, bien remis 48 h après. Ces patients posent notamment le problème important de la négation de la gravité de la maladie du fait de son peu de retentissement. L'information et la prise de conscience seront beaucoup plus difficiles sur ce type de patient.

 

La réadaptation des muscles périphériques

Elle est intimement liée à la réadaptation du cœur car les troubles périphériques jouent un rôle important dans l'inadaptation à l'effort qui maintient le cœur dans une condition précaire. On note d'ailleurs dans les insuffisances cardiaques, une diminution des fibres de type I aérobiques des muscles périphériques. Il est donc important de considérer les techniques de renforcement musculaire (en mode aérobie) que ce soit gymnastique, musculation, marche, vélo ou électro-musculation pour les patients les plus faibles. De ce fait, on voit souvent des patients cardiaques présenter des prescriptions de rééducation des membres inférieurs.

La réadaptation des muscles respiratoires

De la même manière que la désadaptation musculaire entretient la désadaptation cardiaque, la désadaptation respiratoire joue le même rôle, et il appartient éventuellement au médecin de prescrire de la réadaptation respiratoire pour permettre d'entamer ensuite une réadaptation musculaire et cardiaque.

Durée

Le réentraînement nécessite trois séances minimum de 30 à 45 minutes par semaine pour progresser. Deux séances hebdomadaires de 30 minutes semblent nécessaires pour conserver les acquis. Une seule séance hebdomadaire ne permet pas de progression.

F La réadaptation cardio-vasculaire à domicile

Aux Etats Unis la réadaptation cardiaque à domicile est associée avec succès aux programmes classiques de réadaptation pour les patients à risque moyen ou faible. On n'a pas relevé un incident durant les phases de réadaptation à domicile entre 1985 et 1994 (Debusk, Houston Miller, Superko et al, 1994; Haskell, Fair et al 1994).

En Belgique, la réentraînement à l'effort est réalisé par les patients chez des kinésithérapeutes libéraux spécialisés; cette réadaptation se pratique quasiment en libre service et sous le simple contrôle d'un cardio-fréquencemètre. Si il n'apparaît aucun problème dans cette réadaptation menée essentiellement dans la partie flamande les wallons semblant (comme les français) peu motivés, on peut raisonnablement se poser la question de l'excellence de cette rééducation, puisque pratiquée au seuil physique minima, sans contrôle médical ni scientifique de la progression, et sans association avec les thérapies informatives et de suivi du patient.

On peut certes s'inquiéter d'une réadaptation précoce à domicile; il est néanmoins certain qu'un patient revascularisé immédiatement après un petit IDM et sans risque imminent de thrombus, court un risque quasiment nul lorsque son effort et les médicaments prescrits sont correctement déterminés; il est cependant évident que la rééducation stade III peut facilement et efficacement être pratiquée à domicile. La prescription de la réadaptation cardiaque à domicile suit le même raisonnement que celui de la prescription ambulatoire ; il appartient au cardiologue, qui en possède les moyens, de déterminer le risque du patient et la prescription éventuelle de réadaptation à domicile.

La réadaptation cardiaque à domicile nécessitera la prise en charge par la sécurité sociale de la location du matériel ergométrique et informatique nécessaire. Les moyens de surveillance et de télécommunication doivent être prescrits au cas par cas et déterminés par le cardiologue, en fonction de la classe de risque et du besoin de sécurisation du patient. Il est en effet possible que l'ECG de surveillance de l'exercice puisse être communiqué par téléphone comme cela se pratique déjà. La technique permet aujourd’hui au cardiologue de s'assurer à distance du respect des paramètres de l'exercice imposé au patient, voire d'adapter cette programmation d'une séance sur l'autre en fonction des résultats acquis. La surveillance et l'enregistrement informatiques systématiques du rythme cardiaque et/ou de l'ECG transmis par téléphone permettent d'assurer une sécurité maxima et une optimisation de la rééducation. Si la surveillance ECG reste conseillée pour les patients à risque moyen, les études n'ont pas mis en évidence d'intérêt à monitorer les patients à faible risque (Fagan, Wayne, and McConachy, 1984; Van Camp and Peterson, 1986 ; American College of Physicians, 1988; DeBusk, Blomqvist, Kouchoukos, et al., 1986; Parmley, 1986; Wenger, 1992; World Health Organization Expert Committee, 1993).

Il est évident que le financement de cette mesure peut être facilement assuré par les gains réalisés sur les dépenses d’hospitalisation des patients en traitement. Il est non moins certain que les bénéfices dégagés pourraient être reportés sur des actions de prévention.

Il apparaît que le réentraînement à l'effort peut être prescrit et paramétré par le cardiologue réalisant l'épreuve d'effort ou par le cardiologue traitant, notamment au vu du bilan, des résultats de l'épreuve d'effort et éventuellement de la mesure des échanges gazeux; cette rééducation peut être conduite exclusivement ou conjointement chez le kinésithérapeute et/ou à domicile. Le contrôle et l'adaptation de la rééducation peuvent-être assurés de la même manière lors des épreuves d'effort de contrôle (chaque 10 séances) et lors des visites au cardiologue traitant.

 

 

La prévention

Les propositions

F modification du mode de vie

            - arrêt définitif du tabac

            - restriction des apports caloriques lipidiques à 30%

            - pratique d'une activité physique régulière

Rappelons que les incidents cardio-vasculaires sont diminués de 60% par l'adoption d'une diététique correcte, de 20% par l'adoption d'une activité physique régulière et de 50% par la suppression du tabac.

F modification des facteurs de risque

            - réduction pondérale par la diététique et l'activité physique, notamment

dès que le poids dépasse 15% du poids idéal

           - réduction de la consommation de sel à 5 g/jour

           - réduction de la consommation d'alcool à moins de 30 ml/jour

           - réduction de la consommation de graisses saturées

            - traitement de l'HTA

            - réduction de l'hypercholestérolémie en-dessous de 2 g/l

- 300 mg/jour d'apport de cholestérol en privilégiant les acides gras insaturés

            - obtention et maintien du contrôle glucidique chez les diabétiques

- diminution du risque de thrombose par sevrage tabagique et utilisation de traitement anti-plaquettaire et/ou anticoagulant

F dépistage

            - dosage du cholestérol et des triglycérides chez les jeunes enfants ayant

             des antécédents familiaux

            - dosage du cholestérol et des triglycérides chez les sujets

             normolipidiques de plus de 25 ans tous les 5 ans

            - établissement d'une procédure de contrôle des facteurs de risque sur la

            carte santé de chaque assuré social.

Les moyens

F par l'information sur les maladies cardio-vasculaires et sur les moyens de diminution des facteurs de risque, notamment le tabagisme, le stress excessif qi'il faut apprendre à éliminer ou à gérer et le mode alimentaire; les maladies cardio-vasculaires sont un fléau qui rencontre insuffisamment d'attention, alors qu'il tue beaucoup plus que le SIDA, maladie médiatique du moment. Les lieux privilégiés d'information sont:

- les écoles; en outre la sensibilisation de l'enfant est un facteur important de sensibilisation des adultes.

- les médias

- des opérations "grand public" de sensibilisation et de détection du risque cardio-vasculaire comme cela se fait dans la prévention du cancer du sein avec les bus itinérants de mammographie (Nota: cette structure est peut-être utilisable conjointement avec la détection des MCV);

- lors d’événements du type "foire"

- dans les comités d'entreprise

F par l'éducation sportive et la lutte contre la sédentarité. Si ce point apparaît difficile à réaliser dans un pays de culture sportive pauvre, on peut raisonnablement imaginer que la réduction du temps de travail, la mise en place progressive d'une société des loisirs et la progression des thèses écologistes devraient aider à instaurer une culture du "bien-être".

F par la mise en place de contrats d'assurance tenant compte dans le calcul de la prime du risque cardio-vasculaire. La gestion du risque cardio-vasculaire calqué sur celle du risque automobile est un des grands projets des sociétés d'assurance. Sont d'ailleurs récemment apparus en France, les premiers contrats différenciant fumeurs et non fumeurs. Les sociétés d'assurance ont cependant deux handicaps de taille à vaincre:

- l'opinion publique et les médias prompts à s'élever violemment contre tout ce qui peut ressembler à une tentative de fichage ou à une atteinte à la liberté individuelle; il n'est cependant rien qu'une bonne concertation et une bonne campagne d'explication ne puissent réaliser.

- la difficulté de la quantification et du suivi du risque.

Les freins à l'établissements de la prévention

Si la prévention apparaît indispensable pour tous, on peut néanmoins s’étonner d’un certain nombre d'attitudes passives qui curieusement sont au débit des plus concernés :

- les pouvoirs politiques qui intègrent mal la prévention parce que ce n'est pas une opération immédiatement médiatisable et électoralement profitable. Il faut noter aussi le dilemme des gestionnaires du pays qui engrangent immédiatement 55 milliards de recettes des taxes sur le tabac (76% du prix de vente), alors même que les bénéfices tirés d’une réduction massive du tabagisme ne seraient quantifiables que quelques années plus tard. En gestion financière classique cet effort est difficilement supportable aujourd’hui et les différentes affaires contemporaines, comme celle du sang contaminé ont suffisamment démontré que la gestion humaine passe au second plan. On peut néanmoins rester optimiste parce que tôt ou tard le pouvoir politique devra aborder ce calcul et comprendre que la prévention et l’efficacité sont à terme les seuls moyens de dominer les dépenses de santé.

- le corps médical qui éduqué au mode curatif, appréhende mal la prévention qui de plus est non lucrative et socialement non reconnue.

Il faudra donc du temps pour faire évoluer les mentalités de tous et créer une médecine de prévention qui permette aux médecins de s'y réaliser et d'en tirer le profit normal de leurs compétences.

Le financement de la prévention

- par transfert des économies réalisées immédiatement dans les dépenses de santé de l'assurance maladie (sécurité sociale, mutuelles et assurances)

- par utilisation des moyens marketing des différents acteurs "bio" et "écolo" et laboratoires

- par imposition ou participation des acteurs "pollueurs de la santé"

- par financement direct des consommateurs dont les seniors sont les premiers concernés.

- 17 millions de seniors ont un pouvoir d'achat plus élevé que la moyenne. Leur consommation augmente. Ils dépensent plus dans la nourriture, la banque, l'assurance, l'achat de voitures neuves de plus de 120 000 FF. Ils ont 800 milliards de revenus (charges et impôts payés), ce qui représente 300 milliards de plus que le second marché porteur (enfants et jeunes).

Conclusion

L’évolution dramatique des pathologies cardio-vasculaires, le coût terrible qu’elles occasionnent, la nécessité de dominer les dépenses de santé et l’évolution des consommateurs vers une prise en charge de leur santé pour une meilleure qualité de vie vont engendrer une modification du traitement de ces pathologies. La prévention et la réadaptation cardiaque sont amenées à se développer notamment en ambulatoire et à domicile.

 

Un grand nombre des données présentées ici provient de l'ouvrage CARDIOLOGIE 2000, livre blanc sur la prise en charge des maladies cardio-vasculaires en France de Jean Paul Letouzey, Alain Genet et Richard Amoretti.