Techniques d’électrothérapie de haut voltage dans le traitement des pubalgies

Thierry VERSON ingénieur bio-médical, formateur t.verson@free.fr

Nous avons utilisé à plusieurs reprises l’électrothérapie avec un appareil de haut voltage à deux générateurs indépendants dans des pubalgies avec des résultats remarquables sur des joueurs de football de clubs professionnels.

Nous sommes intervenus sur des patients en inflammation sus-pubienne, incapables de pratiquer sans douleur la contraction de leurs grands droits ou l’étirement de leurs adducteurs.

Nous avons utilisé les protocoles suivants:

Premier protocole

Antalgie:

Programme d'inhibition sensitive vibratoire

application d’un courant alternatif sur un balayage de fréquences évoluant entre 25 et 150 Hz avec une largeur d’impulsion et une intensité nous permettant d’obtenir une vibration maximum indolore avec

- 3 secondes de montée progressive

- 120 secondes de temps de plateau

- 2 secondes de retour au repos

- 2 secondes de repos

Ces paramètres variaient légèrement à chaque nouvelle séance pour éviter l’accoutumance du patient.

Nous avons associé à ce programme une ionisation de percutalgine.

Nous avons utilisé prioritairement le montage suivant: anode sur les grands droits, cathode de grande surface sous les pieds pour éviter son effet excitant, percutalgine sur les deux pôles (antalgique à l’anode, anti-inflammatoire par la voie sanguine à la cathode).

Nous avons aussi utilisé un montage à trois anodes (grands droits et insertions des adducteurs) et la grande cathode sous les pieds.

 

 Etirements des adducteurs:

Programme myo-relaxant

Nous avons utilisé le deuxième générateur pour appliquer sur les adducteurs un programme décontracturant en 3 Hz avec une largeur d’impulsion nous permettant d’obtenir des secousses musculaires franches et indolores. Les adducteurs étaient en position d’étirement moyenne et sans douleur. Ce premier protocole se déroulait en 30 minutes.

 

 

 

Deuxième protocole

Stimulation concentrique des abdominaux:

Nous avons utilisé aussitôt l’antalgie obtenue pour mettre le patient en travail abdominal. Compte tenu de l’hyperalgie des patients, le problème était à chaque fois de trouver la largeur d’impulsion à laquelle nous obtenions une contraction puissante des grands droits sans provoquer de douleur. Nous avons noté que l’électrothérapie de haut voltage nous permettait des largeurs d’impulsion de départ extrèmement faibles de 1 à 30 µs. La fréquence utilisée était de 60 Hz avec une montée progressive en 2 secondes, un temps de contraction de 1 seconde, un temps de retour de 2 secondes et 6 secondes à 10 secondes de repos en fonction de la fatigabilité du patient.

La patient accompagnait la stimulation par une contraction dynamique volontaire en équilibre fessier, ou bassin en rétroversion et pieds sur un tabouret.

Ce travail durait au début du traitement 15 minutes, et 45 minutes en fin de traitement.

Au fur et à mesure du déroulement de la séance, nous avons fait progresser la largeur d’impulsion, pour permettre un recrutement plus puissant, et avons atteint sans douleur des largeurs qui étaient douloureuses au début.

Au fur et à mesure des séances, nous avons pu faire évoluer les paramètres de largeur d’impulsion et de temporisation, guidant ainsi les progrès du patient vers un travail en musculation sportive pure en fin de traitement.

  

Etirement des adducteurs:

Pendant que nous stimulions les abdominaux , nous avons gardé le même programme d’étirement des adducteurs que celui utilisé dans le premier protocole.

 

Troisième protocole

Electro-stretching des adducteurs:

La diminution de la douleur sur les insertions des adducteurs et la diminution du tonus obtenues par les précédents protocoles, nous ont permis de se concentrer ensuite plus précisément sur l’étirement des adducteurs. Nous avons donc utilisé le même courant de 3 Hz avec la largeur d’impulsion choisie précédemment sur une montée progressive de 3 secondes, un temps de plateau de 25 secondes, un temps de retour au repos de 2 secondes et 60 secondes de temps de repos.

Nous avons positionné des électrodes autocollantes sur la masse musculaire des adducteurs (pectiné et moyen adducteur).

Le patient assis en tailleur, les coudes sur les genoux devait se concentrer à pousser ses genoux vers le sol, sans provoquer de douleur, en suivant le rythme des stimulations

 

Renforcement musculaire des abducteurs:

Dans le but d’utiliser au mieux le principe de l’innervation croisée de Sherrington, nous avons stimulé de manière concentrique les abducteurs de la cuisse avec le deuxième générateur.

Nous avons donc utilisé un courant de 60 Hz, avec la largeur d’impulsion nécessaire pour obtenir une contraction franche et indolore, sur une montée progressive de 2 secondes, 2 secondes de temps de contraction, deux secondes de temps de retour au repos et 4 secondes de repos.

Au fur et à mesure des séances, nous avons fait évoluer ces paramètres pour travailler en renforcement musculaire de ces muscles.

Ce troisième protocole durait 15 minutes au début du traitement.

 

Conclusion

Les pubalgies que nous avons traitées ont toutes réagies favorablement entre 9 jours (!) et un mois permettant la reprise d’un entrainement professionnel par les joueurs. Néanmoins, nous devons remarquer que nous manquons de recul pour justifier tous les espoirs entrevus par ces traitements. Nous devons aussi remarquer que ce traitement est lourd puisqu’il nécessite des séances bi-quotidiennes de 1 heure ½ à 2 heures mais qu’il a été appliqué dans un cadre sportif professionnel ou la mobilisation du patient et du praticien ne réagit pas aux mêmes servitudes que dans un cadre purement libéral.